Sarrazine

La Maison

Les Aventurier.e.s
Photo © Jean-Louis Fernandez

Albertine Sarrazin est née en 1937 à Alger et morte 29 ans plus tard, à Montpellier. Elle aura connu l’adoption, le rapatriement d’Algérie, les institutions religieuses, l’errance, la prostitution, les assises, la prison, la cavale, un grand amour, et, à l’âge de 27 ans, la gloire littéraire. À l’insoutenable sécheresse des dates, Sarrazine oppose une existence épique. La Cavale, L’Astragale, La Traversière, ses trois romans autobiographiques inspirent le texte de Julie Rossello Rochet, écrit sur mesure pour Nelly Pulicani, l’Albertine du spectacle, mise en scène par Lucie Rébéré. Loin, très loin d’un biopic déroulant la vie d’une étoile filante des lettres françaises, Sarrazine est l’histoire d’amour, des rages et des combats d’une jeune femme pour vivre tel qu’elle l’a rêvé, en écrivaine. Nelly Pulicani insuffle à la légende de ce météore l’intensité d’une comédienne qui a rencontré un personnage assez solide pour déployer son talent. Seule au plateau, c’est une incarnation qu’elle livre.

“Albertine est unique. Son style est sombre et aristocratique, poétique et cynique. Son regard de poète — aigu et épuré — traverse ses récits comme un ruisseau qui se heurte à des cailloux ; une artère sombre qui s’écrase et se reforme. Albertine, la petite sainte des écrivains non conformistes. Avec quelle rapidité j’ai été entraînée dans son monde — prête à gribouiller toute la nuit et à descendre des litres de café brûlant, m’arrêtant à peine le temps de remettre du mascara. J’ai accueilli son chant ardent de toute mon âme. Sans Albertine pour me guider, aurais-je fanfaronné de la même façon, fait face à l’adversité avec la même ténacité ? Sans L’Astragale comme livre de chevet, mes poèmes de jeunesse auraient-ils été aussi mordants ?”

Patti Smith, Préface de L’Astragale, éditions Pauvert, 2013