Réparer les vivants
Les Choses de La Vie
L’histoire
Réparer les vivants est le roman d’une transplantation cardiaque : comment le cœur de Simon, 19 ans, peut remplacer celui de Claire, 50 ans, au terme d’une course contre la montre captivante. Toute une chaîne humaine pulsée durant 24 heures pour réaliser cette prouesse de la médecine moderne. Une aventure intime et collective autour d’un organe symbole de la vie et lieu de toutes les émotions.
Seul en scène
Prendre une chaise et venir s’asseoir face au public, s’entretenir avec lui comme l’infirmier face aux parents de Simon au cœur du livre, et leur poser la question du don d’organe. Impliquer le spectateur dans cette tragédie héroïque, et l’amener à s’interroger sur un choix de société. Sans décor, juste un surf et deux chaises, plus un drap pour signifier le lit opératoire lors du prélèvement et de la greffe. Quelques images projetées et les heures qui défilent, voilà tout le dispositif scénique.
Je crois à la puissance poétique de l’acteur qui raconte seul en scène. J’aime cet imaginaire exceptionnel que l’on convoque immédiatement lorsqu’un interprète se présente seul face à nous, sans autre arme que notre envie de voir en lui tous les personnages. Car pour cette histoire, il fallait rester pudique et ne pas incarner ces hommes et femmes le plus souvent muets de douleur. Simplement parler d’eux, énoncer ce qu’ils vivent, dire les mots de l’émotion, les silhouetter parfois par une position du corps et laisser le spectateur les imaginer et s’identifier.
La position de l’acteur seul sur un plateau est fragile, elle raconte par elle-même le danger, la menace du monde sur l’individu, et le vertige que l’on peut éprouver face à la perte d’un proche, la solitude infinie dans laquelle on demeure avec le deuil. C’est tout le sujet de ce grand roman. Et les spectateurs dans la salle racontent eux-mêmes la société pour laquelle on fait ces choix, chacun étant potentiellement donneur ou receveur d’organe. Et ainsi, nous racontons ensemble ce miracle de notre époque, quand le corps et l’amour ne s’arrêtent pas, se transforment et font continuer la vie ailleurs.
Maylis de Kerangal décrit le prologue de son récit comme l’entrée dans une vague que prendrait un surfeur, un ride qui l’emmènerait jusqu’au bout du livre. Quelle meilleure image que celle-ci pour un acteur qui entre seul en scène pour surfer sur l’attention du public pendant quatre-vingt-dix minutes ?